Il y a quatre ans, des «filles de l'Est» ont envahi les trottoirs de Lyon, comme ceux d'autres métropoles françaises. Envoyées, réceptionnées, «protégées» ou esclavagées par des réseaux mafieux, ces prostituées sont d'abord restées à l'écart des actions de prévention. En 2000, l'Amicale du Nid de Lyon a créé un poste d'«adultes relais» russophone pour établir un contact avec ces femmes et leur venir en aide. Iryna, professeur d'histoire, ukrainienne, arrivée en France sans papiers en 1997, a été recrutée. Outre le russe et l'ukrainien, elle parle le bulgare, le biélorusse et le polonais. «Son travail a permis à l'équipe de comprendre et de s'adapter à une nouvelle forme de traite humaine. Elle a réussi à établir des relations de confiance avec ces femmes en grande précarité», estime l'association. Iryna ne juge pas, mais elle s'élève contre l'idée désormais commune que la seule solution pour les femmes de ces pays est de se prostituer à l'Ouest : «Ici, à force de parler des filles de l'Est, les gens imaginent que toutes les jeunes Slaves qui sont en France se prostituent.» Iryna et Marc Babin, éducateur prévention à l'amicale, font le bilan de dix-huit mois de terrain.
D'où viennent ces «prostituées de l'Est» ?
Iryna. Au début, elles venaient majoritairement d'Albanie. Puis il y a eu un afflux d'Ukrainiennes, de Russes, de Bulgares et de Polonaises. Certaines restent plusieurs mois à Lyon, d'autres bougent, on ne sait pas si elles le font de leur propre gré ou si quelqu'un les