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Libération
Éditorial

Thermomètre

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publié le 23 juillet 2002 à 0h28

Comme le dit joliment Jean-Pierre Raffarin : «Nous avons un problème dans la bulle financière.» Même s'il en minimise les conséquences pour la croissance française ­ peut-il dire autre chose comme Premier ministre ? ­ la dépression boursière actuelle est en train de déprimer de proche en proche toute l'économie. Ce thermomètre de l'activité générale que constituaient les indices boursiers est devenu fou à ce point qu'on ne sait même plus si le corps est vraiment malade. Ou pire encore, sa bonne santé éventuellement renaissante ­ comme c'est le cas de la croissance américaine ­ reste à la merci d'un accident financier de type Worldcom largement tributaire de l'emballement boursier. Les analystes y perdent leur crédit et les «ménages» leur moral.

Au demeurant, ce n'est pas tant le thermomètre qui est en cause que la manière furieuse dont il est agité et sollicité depuis quelques années. La catastrophe spéculative des valeurs technologiques, notamment, aura été amplifiée par le phénomène de financiarisation de l'économie qui faisait privilégier le profit rapide, le fameux «retour sur fonds propres», sur le développement industriel à long terme. Le dogme fou des 15 % de rentabilité a entraîné les managers dans une fuite en avant, poussés par des actionnaires avides autant que motivés par le niveau de leurs stock-options. Moyennant quoi la rubrique financière se confond souvent aujourd'hui avec la rubrique judiciaire.

Du coup, plus personne n'a confiance en personne. Dans ce désarr