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Libération
Éditorial

Continuité

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publié le 29 juillet 2002 à 0h31

Faire passer la poursuite de la politique de son prédécesseur pour un grand changement témoigne d'un talent certain pour le marketing. Jean-Pierre Raffarin a fait souffler sur la Corse le grand vent du renouveau décentralisateur quand il ne s'agissait que d'assurer la mise en application de la loi votée le 22 janvier 2002 au terme du processus dit de Matignon, initié sous l'ancienne majorité. Nicolas Sarkozy, sans doute plus instruit que d'autres sur la question, avait renoncé depuis belle lurette à faire le malin et il était plus à l'aise dans cette continuité. Nul doute au demeurant que s'il peut agir de la sorte avec un Chirac qui avait critiqué ce dernier statut corse, c'est qu'il n'y a pas vraiment de politique alternative dans les cartons élyséens. L'opération impromptue consistant pour le Premier ministre à noyer les audaces corses de la loi Jospin dans le grand dessein régionaliste. Raffarin aura au moins eu l'avantage pour le ministre de l'Intérieur de se faire «couvrir» pour la suite.

Mais pour autant, comme ça devient une habitude avec l'hôte de Matignon, son pragmatisme affiché, revendiqué et sans cesse auto-célébré, lui permet de montrer comment il y va, mais pas toujours où il va. Ce n'est pas sa grande loi décentralisatrice qui, en elle-même, permettra à la Corse de jouer un rôle pilote, le statut de l'île est en avance sur le droit commun des régions depuis longtemps déjà et si cela n'a pas donné des résultats époustouflants, si elle reste politiquement sujett