Bucarest de notre correspondante
Une file de charrettes se traîne vers la capitale roumaine, encore distante d'une vingtaine de kilomètres. Les hommes, comme les chevaux décharnés, semblent hébétés par la chaleur et les roues des carrioles débordantes de ferraille s'enfoncent dans l'asphalte. Juché sur le chargement, le petit Lavi accompagne ses grands-parents qui ramassent de ville en ville des débris métalliques pour les revendre. Sa mère vit depuis quelques années en France. «Elle est partie, car elle en avait assez de ramasser de la ferraille», raconte le gosse, qui n'a pas davantage de nouvelles de son père émigré, lui, en Espagne. Le groupe va à Bucarest «parce que, là, on paye un peu mieux». «Nous devons rassembler de l'argent pour le passeport de notre fils aîné qui veut tenter sa chance en Occident, car il n'y a pas d'ailleurs pire qu'ici», soupire Margareta, la grand-mère de Lavi. Les déchets de métaux leur sont payés 1 500 leis (5 centimes d'euro) le kilo. «Cela nous donne à peine de quoi survivre», explique la vieille femme. Ils sont toujours plus nombreux à se lancer dans cette misérable activité, faute d'autre chose. Et tous rêvent de partir. «Ils prennent d'assaut l'Occident car, ici, il n'y a encore rien pour eux», explique Vassile Ionescu, représentants des Roms au ministère de la Culture. La majorité des 536 000 Roms de Roumanie, selon le dernier recensement (les leaders de leur communauté parlent de près d'un million et demi) vivent dans une pauvreté extrêm