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Libération
Éditorial

Trafics

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publié le 30 juillet 2002 à 0h32

Rien n'est plus sordide que l'exploitation de la misère, mais en l'espèce, les indignations vertueuses butent contre une réalité implacable. Là où il y a détresse sociale sans issue et désespoirs individuels sans fin, il se trouvera toujours, au sein même du camp des victimes, des salauds pour chercher à s'en sortir sur le dos des autres. Les réseaux récemment démantelés, faisant venir des handicapés roumains afin d'en soutirer les maigres sous arrachés à la charité publique, s'inscrivent dans un développement massif des trafics humains sur tous les circuits migrants de la planète.

Restent les victimes. Les miséreux roumains installés dans des bidonvillles de sinistre mémoire, après avoir fui un pays où une sédentarisation ancienne ne leur a épargné ni la pauvreté ni la discrimination anti-Roms, en sont aujourd'hui les plus pathétiques exemples. Ils ont peu à voir avec la nation nomade des Roms qui circule depuis des siècles en France et ailleurs. La tentative de certains élus de droite d'amalgamer ceux-ci avec les derniers venus en durcissant la répression est un procédé détestable. Ce sont les «gens du voyage» qui seraient en droit de revendiquer l'application de la loi existante, celle qui impose aux communes de leur assurer des lieux de séjour.

Mais si les sorts des uns et des autres se rejoignent, c'est que les élus locaux s'emploient à repousser le problème «chez les autres». S'agissant des arrivants de Roumanie, cela ne règle rien, d'autant que l'Etat est demeuré apathi