Par les hasards du calendrier, on célèbre à peu près en même temps l'anniversaire de la mort d'Elvis Presley (il y a vingt-cinq ans) et celui de Marilyn Monroe (il y a quarante ans). La star et le rocker, deux icônes made in USA qui ont atteint de leur vivant un statut d'archétype. Tous deux ont été des millions de fois cadrés, scrutés, auscultés, décryptés, fétichisés, et pourtant tous deux résistent, chacun à sa manière, à tout enfermement définitif. Comme si l'avalanche, la surabondance des images, des récits et des commentaires rendait impossible toute fixation, tout figement. Ils ont beau symboliser, surtout Marilyn, une époque décisive de l'histoire américaine les noires années 30, la Seconde Guerre mondiale puis la guerre froide, Hollywood, le rock , ils restent libres, irréductibles, se nourrissant du moindre ragot, de la moindre anecdote, de la moindre photo pour ressusciter comme dans un éternel retour. Chacun a sa mythologie personnelle du King ou de Marilyn, précisément parce que leur caractère mythique les fait échapper à toute interprétation unique. Ces deux-là ont d'ailleurs fasciné des générations d'écrivains et d'artistes, à la recherche de la solution de l'énigme. Dans Marilyn, Truman Capote voyait avant tout une «enfant radieuse», quand son mari, Arthur Miller, évoquait «la fille la plus triste du monde» ou Joyce Carol Oates une cérébrale qui n'était en tout cas «ni blonde ni idiote». Dans un de ses derniers entretiens, Marilyn disait : «Au fond, être f
Éditorial
Eternel retour
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publié le 5 août 2002 à 0h34
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