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Libération

En Uruguay, de l'herbe au menu des enfants

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Retour au calme après les émeutes mais la faim est toujours là.
publié le 6 août 2002 à 0h35

Montevideo envoyé spécial

Lundi, onze heures du matin, dans le centre de la capitale uruguayenne. Après une semaine de clôture, les banques s'apprêtent à rouvrir. Devant les établissements privés, américains ou anglais, l'activité est normale. Devant la Banque de la République, touchée par le gel des comptes à terme, la queue dépasse par contre les cent mètres. Mortifiés, beaucoup de clients refusent de parler. «Notre sentiment est un mélange de tristesse et de colère, explique Monica, 30 ans, psychologue. On ne pensait pas que cela pouvait nous arriver. Le corralito (mot à mot «petit enclos» restriction aux retraits bancaires, ndlr) va pousser les gens à fuir les banques publiques. Les banques étrangères vont en bénéficier.» Jorge, 50 ans, commerçant argentin, raconte sa mésaventure : «J'ai échappé de justesse au corralito en Argentine. J'ai placé mon argent ici parce que c'était sûr. Maintenant, je ne sais plus où le mettre.»

Dans le quartier de Borro, au nord de la ville, l'agitation du centre ne préoccupe pas grand monde. Ici, on est loin du luxe de la station balnéaire de Punta del Este, des quartiers proprets de Montevideo, des banques, de tout ce qui a forgé la réputation du pays de «Suisse d'Amérique du Sud». Ici, c'est bien l'Amérique latine, dans sa version la plus misérable.

Pierres. D'un côté de l'avenue San Martin, parsemée de déchets de poubelles, des lotissements de maisons basses rudimentaires alignées sur des chemins de terre. De l'autre, des bidonvilles. Au bo