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Libération
Interview

«On vide la mer à la petite cuillère»

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publié le 10 août 2002 à 0h38

Christian Leroy est secrétaire départemental du Syndicat national des policiers en tenue (SNPT) dans le Pas-de-Calais, où plus de 330 fonctionnaires sont affectés à la Police aux frontières (PAF) pour lutter contre l'immigration clandestine.

Quelles conséquences envisagez-vous après l'annonce de la fermeture du centre de Sangatte ?

On peut craindre une dispersion de l'immigration comme on l'a connue avant la création de Sangatte. On voyait des familles s'installer dans des jardins publics, des bâtiments désaffectés, camper n'importe où. En outre, cela risque de générer un sentiment d'insécurité parmi la population face à ce flux humain qui redeviendrait à la fois trop voyant parce lâché dans la nature, et invisible, parce que dilué.

Sangatte a donc du bon pour vous ?

A l'époque où Sangatte a été créé (septembre 1999, ndlr), nos collègues policiers étaient confrontés à la grande misère de ceux qui cherchaient à passer en Grande-Bretagne. Il y avait un vrai malaise quand on découvrait leur campement de fortune, leur délabrement sanitaire. Sangatte a représenté pour nous une vraie avancée humanitaire. Le centre d'hébergement nous a permis aussi de «localiser» cette immigration clandestine. Sa future fermeture va accroître la complexité du travail de la PAF.

La dispersion que vous redoutez est déjà visible à Cherbourg ?

A partir du moment où le passage à Calais était devenu de plus en plus difficile, il y a un phénomène d'étalement géographique qui existe déjà depuis plusieurs mois. L