Le temps des drames connus par les clandestins, traversant la France pour partir à l'assaut de la Grande-Bretagne, est loin d'être fini. L'épisode des squatters dont personne ne peut vraiment garantir la nationalité et qui vient de défrayer la chronique cherbourgeoise le prouve, en dépit des dénégations du ministère de l'Intérieur : la perspective de la fermeture du centre de Sangatte à la fin de l'année et la multiplication des mesures de sécurité aux abords de l'Eurotunnel ont toutes les chances de déplacer le problème vers d'autres points de passage, en France et en Belgique. Certainement pas de le résoudre.
On comprend l'inquiétude de la police des frontières et celle des élus locaux, que ce soient ceux de Cherbourg aujourd'hui ou ceux de Saint-Malo, de Dieppe, du Havre demain. Tous se souviennent de l'avant-Sangatte, lorsque les candidats au passage vers la Grande-Bretagne erraient, perdus dans la nature et dans des conditions déplorables, à travers toute la région. Et tous craignent un retour à cette situation après la disparition de l'abcès de fixation humanitaire qu'aura tout de même été Sangatte. Ils le redoutent d'autant plus que ce retour au passé, en fait, risque d'être pire : pour autant qu'on le sache, le nombre des clandestins attirés par le droit d'asile britannique s'est multiplié par deux ou trois en quelques années et les réseaux de passeurs ont, de toute évidence, considérablement amélioré leur efficacité et leur emprise sur leurs victimes consentantes. Au