On s'en doutait depuis le soir du 21 avril : la reconstruction de la gauche française ne sera pas une partie de plaisir. On en est certain aujourd'hui. Mais, à en juger par l'initiative «littéraire» de Marie-Noëlle Lienemann qui suit de peu celle d'Henri Emmanuelli et de Jean-Luc Mélenchon l'urgence serait moins de refonder que de régler des comptes, ouvrir des placards et si possible disqualifier la concurrence. Tout n'est pourtant pas faux, loin de là, dans l'analyse de la débâcle du premier tour de la présidentielle, que fait l'égérie de la Gauche socialiste. Beaucoup d'ailleurs a déjà été dit et écrit, ici et là, qu'il s'agisse de la personnalité égotiste de Lionel Jospin, de son isolement progressif, de sa chiracophobie aiguë, de sa perte du sens des réalités. Cette charge hargneuse prend parfois des accents chevènementistes. Ce qui est paradoxal puisque Marie-Noëlle Lienemann est entrée au gouvernement l'année où Chevènement en démissionnait avec fracas. Dûment avertie, qu'allait-elle donc faire dans un tel guêpier ? Pour autant qu'on le sache, elle ne s'est pas retrouvée ministre par inadvertance ou contre son gré, mais bien parce qu'elle le voulait. On peut d'autant plus s'étonner de la voir se poser en conscience de la gauche, qu'elle n'a pas hésité ensuite à passer alliance, en prévision des législatives, avec un des hérauts les plus discutables du PS, Jacques Mellick, pour se faire parachuter (en vain) à Béthune, loin, très loin de son «terrain» de l'Essonne..
Éditorial
Charge hargneuse
Article réservé aux abonnés
par Jacques AMALRIC
publié le 20 août 2002 à 0h41
Dans la même rubrique