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Portrait

Otegi, porte-parole d'une ambiguïté

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Le leader de Batasuna, entre violence et politique.
publié le 27 août 2002 à 0h45

Saint-Sébastien envoyé spécial

D'inspiration marxiste-léniniste, Batasuna («Unité» en basque) n'a officiellement pas de chef, mais seulement un «porte-parole», Arnaldo Otegi. Sous ses allures bonhommes, ce brun râblé à l'oreille percée est «un loup caché sous une peau de mouton», affirme sous couvert de l'anonymat un spécialiste de la question basque. Jeune (44 ans), rodé aux médias, excellent orateur, Otegi est bien le vrai leader de Batasuna. S'il fut un temps à la mode chez les modérés et même à Madrid, son passé chargé témoigne de la consanguinité entre l'ETA et Batasuna.

Né en 1958 à Elgoibar, une petite ville industrielle près de Saint-Sébastien, il est entré dans l'ETA dès qu'il a pu : lorsque Herri Batasuna («Unité du peuple», HB) naît en 1978 du regroupement de partis et groupuscules de la gauche indépendantiste, Otegi préfère, lui, prendre les armes. A 20 ans, il est déjà membre d'un commando et on le soupçonne d'avoir participé à trois enlèvements (les rançons servaient à financer la lutte armée), à la libération d'un etarra (membre de l'ETA) dans un hôpital militaire et à la pose de plusieurs bom bes. Le tout sans jamais tuer personne. En 1981, son commando est démantelé, mais il réussit à s'enfuir en France. Arrêté en 1987, il est extradé. La justice espagnole ne retient qu'un chef d'accusation ­ la participation à un des trois enlèvements ­ et le condamne à six ans de détention. Il en fera trois : «Beaucoup d'entre nous ont été emprisonnés et torturés. Nous avons

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