La multiplication des lieux «d'expérience de plaisir et de bien-être», pour reprendre le jargon postmoderne des initiateurs du centre commercial Carré Sénart, s'explique bien sûr par la détermination des chaînes d'hypers et d'autres surfaces de capter le plus longtemps possible à leur profit le maximum de consommateurs pour qu'ils effectuent un maximum d'achats de toutes sortes. D'où le principe du lieu clos, surtout pas ouvert sur l'extérieur, d'où les restaurants, d'où le multiplexe pour ne rien dire du poney club et autres «espaces» à prétention ludique. Cela se comprend fort bien, au moins du point de vue des promoteurs de l'opération : la formule a du succès, car elle trouve ses chalands ; elle assure aussi le meilleur profit dans des zones nouvelles d'habitat pavillonnaire, dépourvues de tout centre-ville, donc de toute infrastructure commerciale, où la survie est conditionnée par la possession d'au moins une voiture. Cet éloignement des nouveaux centres commerciaux est aussi considéré comme un «plus» par leurs gestionnaires, qui échappent ainsi en tout cas pour le moment aux problèmes de sécurité qui empoisonnent la vie de leurs collègues installés dans des lieux bien desservis, donc faciles d'accès pour les jeunes désoeuvrés.
Il est probable également que ces enclos à consommation tous azimuts ne connaîtraient pas un tel engouement si les élus locaux ne contribuaient pas à leur éclosion. Certains par facilité, trop heureux de se décharger sur le privé d'une partie