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Libération

«Le but, ce n'est pas de dépenser»

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Rencontre avec des clients-promeneurs au centre Val d'Europe.
publié le 28 août 2002 à 0h46

D'abord, le piano-jazz. Il sort des haut-parleurs, du parking ­ gratuit et découvert ­ du centre commercial Val d'Europe, à deux pas de Disneyland, en Seine-et-Marne. Ensuite, des gens. Ils poussent des chariots et sortent par les portes automatiques, qui s'appellent Volga ou Danube. Isabelle (29 ans) traîne Elise, sa fille de 5 ans. Isabelle est une graphiste qui a acheté des vêtements pour Elise. Maintenant, elle va déjeuner, chez Paul (le pain) ou chez Nicolas (le vin). Ils y font aussi des salades. Elle n'a pas encore décidé. Isabelle est un cas. Elle préfère marcher dehors. Car, ici, les gens se promènent la tête en l'air, mais dedans. Ils déambulent sur des «promenades» couvertes où on voit sans arrêt le ciel, grâce à de grandes verrières ceintes de métal. De l'Eiffel vert d'eau. Ils flânent et ils achètent, parfois sur un coup de tête.

Isabelle a pris des Advil dans son sac. Pour la tête. Elle ne supporte pas les gens, ça lui donne le tournis, ça la bouscule. Elle dit : «Je n'aime pas me balader sans but, avec un porte-monnaie vide et juste regarder les vitrines.» Elle est un peu obligée, là. Il fait gris. Il pleut. La plupart des visiteurs avouent qu'ils sont contents d'être à l'abri. Dans ces couloirs qui n'en finissent pas, il y a des sièges (plus de 80 disséminés dans les allées) pour faire des pauses. Sur l'un d'eux, Valérie, 30 ans, agent de piste à Roissy, ramasse les frites et les burgers de Chloé et de Lou, 4 et 2 ans. Elle vient «par plaisir», a un budget de1