Les mots sont assassins. Pour évoquer leur centre commercial, les promoteurs d'Espace Expansion parlent de «village», de «place», de «square», d'«éclectisme d'une rue commerçante traditionnelle», de «la variété de propositions qu'offre le coeur d'une cité». Ils écrivent qu'on s'y «dirige naturellement, parce qu'on aime y aller, y retrouver des amis et que l'on s'y sent bien». Ils décrivent une ville. Et se tirent une balle dans le genou à chacune de ces envolées.
Car la réalité, évidemment, est à mille lieues de toute idée urbaine. Pour le moment, Carré Sénart, c'est un centre commercial classique, donc tourné sur l'intérieur, et entouré par le vide des champs. Les allées ne ressemblent pas à des rues et trois chaises sous une verrière ne font pas un square. De cela, les élus ne sont pas dupes. Quand on lui demande si le Carré Sénart, c'est de la ville, Jean-Jacques Fournier, le président du Syndicat d'agglomération nouvelle, répond : «Ah, ça non !» Et ajoute aussitôt : «Mais on fait de la ville avec du commerce.» Or, faire de la ville, et surtout un centre-ville, est la préoccupation de la ville nouvelle de Sénart depuis quinze ans. Ces dix communes agglomérées n'ont toujours rien de central qui les fédère. «En l'absence de préfecture ou de grand équipement public, a expliqué Fournier hier lors de l'inauguration, il nous a semblé qu'un grand centre commercial régional serait seul à même de créer une centralité.»
D'y participer, tout au moins. Car le vrai centre- ville doit ve