Virginia Field, 51 ans, décoratrice de cinéma, ancienne activiste de la gauche radicale new-yorkaise, s'est installée à Paris en 1988. Nous l'avions rencontrée, chez elle, près de la place de la Bastille, prostrée devant sa télévision jamais éteinte, s'en voulant de ne pouvoir assister à la messe donnée pour les pompiers de New York. Elle expliquait : «Moi qui me suis toujours sentie décalée, moi qui ne dis jamais que je suis américaine, je me sens tout à coup très typique, avec une peine très normale. Mon identité est bousculée.» Aujourd'hui elle dit : «J'ai toujours aussi mal quand je vois les images, quand j'en parle. Mais tout a changé radicalement. J'ai retrouvé mes distances. La politique de George Bush me fait honte. Avec son axe du Bien, son axe du Mal, il parle comme un enfant. On aurait pu faire quelque chose de la ferveur née du 11 septembre, de tous ces regards tournés vers l'Amérique. On aurait pu être un grand pays, dire des choses. Le choc des Américains surpris de devenir une cible était touchant au départ. Maintenant il est stupide.» «Je suis retournée deux fois à New York, raconte-t-elle. La première, c'était le week-end de Thanksgiving, un avion avait explosé en décollant à New York, on se demandait si c'était encore un attentat. J'ai couru prendre un billet, j'avais besoin de passer chez moi. La deuxième fois, c'était au printemps. J'y ai revu beaucoup de mes amis. Je suis aujourd'hui en désaccord avec beaucoup d'entre eux, ils n'arrivent pas à prendre un
Virginia Field. Activiste américaine. A repris ses distances avec son pays d'origine.
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par Judith PERRIGNON
publié le 11 septembre 2002 à 0h56
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