Trois Français sur quatre souhaitent une répression accrue contre les chauffards nous révèle un sondage, il n'est pas nécessaire d'en commander un autre pour savoir qu'une proportion encore supérieure d'adultes en âge de conduire doit estimer que les chauffards, ce sont «les autres». Entre la règle et l'ego se nichent toutes les contradictions du rapport des Français à la sécurité routière. Si l'on admet en théorie la nécessité d'un encadrement strict de la circulation motorisée, on est enclin à penser que son application pratique doit être réservée prioritairement aux «autres», à ces piètres conducteurs (trices) qui encombrent la chaussée. Cette autosuffisance n'est que l'expression de ces petits (ou grands) accommodements avec la loi d'une société française où la transgression, le passe-droit et l'impunité ne sont pas frappés du discrédit moral qui a cours sous d'autres cieux. Même la Justice, que l'on connaît intransigeante envers la petite délinquance de rue, semble souvent portée à l'indulgence face à la grande délinquance des routes qui tue, blesse et estropie bien davantage que toute autre forme de criminalité. Invoquer la responsabilité de chacun, n'est pas exonérer la responsabilité des politiques. Il faudrait pouvoir établir un jour l'inventaire ministériel exhaustif de dizaines d'années d'annonces sans lendemains, de mesures non suivies d'effets, de reniements discrets sous la pression des lobbies automobiles.
Une nouvelle fois un gouvernement s'insurge contre cet