Toulouse envoyé spécial
«Je suis une fenêtre, brisée depuis le 21 septembre, mais toujours dans mon cadre en bois ; lui aussi est fissuré comme moi, ça ne nous empêche pas de tenir sur le mur. Maintenant je vois flou...» Ainsi commence le texte que Lætitia Bouin, élève du collège Stendhal, a écrit l'an dernier, assise dans un des Algeco tenant lieu de classe au pied de cet établissement détruit de Bagatelle, une des zones les plus touchées. Exprimer, exorciser le 21 septembre, l'équipe des profs de Stendhal s'y est employée au travers d'ateliers d'écriture, de peinture. Pas facile d'enseigner avec vue sur cette «ruine» où des «hommes en scaphandre» ramassent la poussière d'amiante comme si le vent ne pouvait pas la ramener vers les Algeco. «C'est un décor sombre et déprimant», dit Christiane Anglade, qui a choisi d'enseigner dans cette ZEP où «90 % des élèves sont d'origine maghrébine».
Mutation. L'an dernier, celui de la catastrophe, le taux d'absentéisme des enseignants a été «exceptionnellement bas» et, côté élèves, «on n'a pas eu de problèmes physiques comme les années précédentes, ils avaient subi une telle violence... Pendant des mois, au moindre claquement de porte, on sursautait». Profs comme élèves, solidaires dans l'effroi. A la rentrée, sur 40 professeurs, 18 étaient nouveaux. Un sur deux avait demandé sa mutation. Une poignée avait voulu rester, comme Christiane. «Je ne me voyais pas les laisser comme ça. Combien de fois ils avaient rêvé de voir péter leur collège,