Menu
Libération
Éditorial

Avant-hier

Article réservé aux abonnés
publié le 1er octobre 2002 à 1h15

Pour un peu, on les aurait oubliés ces sanglants été et automne parisiens de 1995. Huit morts et près de deux cents blessés ! Peu à peu, ces images de corps déchiquetés, mutilés souvent pour toujours, retirés des stations Saint-Michel, Maison-Blanche et Musée d'Orsay s'estompaient dans notre mémoire. Comme diluées par les sept années écoulées, comme éclipsées par les milliers de victimes du 11 septembre, dont les cadavres sont littéralement partis en fumée.

Le procès qui s'ouvre aujourd'hui et qui va durer jusqu'à la fin du mois va, bien sûr, réveiller les émotions enfouies et, chez les familles des victimes et chez les survivants de ces trois attentats, des blessures mal cicatrisées. Mais il devrait aussi être l'occasion d'une réflexion en profondeur sur le terrorisme, ses pièges et sa possible banalisation, l'abomination d'hier risquant de renvoyer au rang des faits divers l'horreur d'avant-hier. A la tentation d'oublier, de passer à autre chose, il faut substituer la volonté de se souvenir et surtout celle de donner le dernier mot au châtiment de la justice. Ce qui n'est pas évident dans ce genre d'affaire où des années et des années de patience et de labeur sont nécessaires aux enquêteurs pour parvenir ne fût-ce qu'à une part de vérité et mettre la main sur quelques coupables. Où les intérêts politiques, économiques et diplomatiques de l'Etat victime peuvent tant varier au fil des ans que ce dernier peut être amené, au nom d'un réalisme douteux, à fermer les yeux, à ne pa