Ce n'est plus de la plongée en bouteille contrôlée, mais de la plongée en apnée. Le problème est que personne, aujourd'hui, ne peut plus prédire la profondeur de l'immersion ni la résistance des poumons de l'économie mondiale. Dans un bel élan de «solidarité par le bas», les Bourses mondiales ont poursuivi hier leur descente aux enfers, dans le sillage d'un déprimant indice du Michigan (qui mesure la dynamique des directeurs d'achats des entreprises de Chicago). Londres s'est enfoncé de 4,75 %, Paris de 5,87 %, Amsterdam de 6,14 %, Francfort 5,31 %, le Dow Jones de 1,43 % et le Nasdaq de 2,27 %. En l'espace de neuf mois, toutes les places financières ou presque ont vu s'évaporer cinq ans de gains, cinq ans de mirages.
Krach ? «Spirale baissière», «chute vertigineuse», «dévissage incontrôlé», les experts des marchés et autres analystes financiers rivalisent pour tenter de résumer ce qui se passe. «C'est démentiel, délirant, souffle Philippe Waechter, des Banques populaires Asset management. Il faudrait trouver un nouveau concept pour qualifier ce qui se passe.» Et comment définir la situation actuelle ? Certains économistes ne mégotent plus. C'est vrai pour les plus Cassandres. «Nous sommes dans une situation de krach tout court, ouvert, pleinement visible, estime ainsi Bruno Jetin du conseil scientifique d'Attac. On ne peut plus se cacher derrière les mots et parler de krach rampant.» Mais c'est aussi vrai pour les orthodoxes. «Faire preuve d'audace, aujourd'hui, c'est dire q