«Je ne vois pas ce que la privatisation peut apporter.» Philippe, 31 ans, conseiller clientèle au centre d'EDF-GDF à Lisses (Essonne), sera ce matin à la manifestation pour «la défense du service public, du statut et des retraites». Il n'a que trois ans d'ancienneté dans la maison. Avant, il était dans le privé. Et il voudrait bien comprendre «pourquoi on s'acharne à vanter les vertus de l'ouverture du capital» quand tant d'exem ples dans l'actualité inciteraient à maintenir le statu quo. «Il suffit de voir ce qui se passe en Angleterre. British Energy (équivalent EDF privatisé) est au bord de la faillite, le secteur des transports (British Rail privatisé) est devenu dangereux, il y a beaucoup d'accidents...» Alors, ça sert à quoi tout ça ?
Air France
«La privatisation, on va y laisser des plumes»
«Nous non plus, dit Marcel Thibault, délégué syndical Alter (navigants techniques), on ne comprend pas l'utilité de la privatisation d'Air France (prévue pour cet automne par le gouvernement "si les conditions de marché le permettent", ndlr). Aujourd'hui, l'entreprise se débrouille très bien. Elle fait des bénéfices malgré les aléas de l'après-11 septembre. Beaucoup de compagnies privées ont bu la tasse. On nous dit : "C'est pour pouvoir faire des alliances avec des étrangers." Mais on en a déjà une avec Delta Airlines, qui marche très bien.»
La dégringolade de la Bourse ajoute un autre argument. Et la carotte de l'actionnariat avec la déconfiture de France Télécom ne suscite plus le m