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Libération
Interview

«Ce sera le début du chaos»

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publié le 9 octobre 2002 à 1h21

Bruxelles (UE) de notre correspondant

L'élargissement a été préparé en dépit du bon sens : ni l'Union européenne, ni les pays candidats ne sont prêts à en supporter le choc. Tel est l'avis de Franklin Dehousse, 43 ans, professeur de droit à l'Université de Liège et au Collège d'Europe, qui fut l'un des négociateurs belges du traité d'Amsterdam de 1997. Dans un récent rapport à l'Institut royal des relations internationales (1), cette éminence grise de la politique européenne de la Belgique taille en pièces la fuite en avant des Quinze. Une course qui risque de se terminer dans un mur, dit-il dans un entretien à Libération.

La Commission vient de recommander l'adhésion à l'Union européenne de dix pays candidats. Cela vous paraît-il sensé ?

Réaliser un élargissement large est un objectif sensé. Ce qui est insensé, c'est la méthode choisie pour y parvenir. Personne n'a vraiment tiré les conséquences d'un changement aussi profond pour l'Union. Nous n'avons pas fait les réformes nécessaires des politiques communes (Politique agricole commune, aides régionales, etc.) ou du financement de l'Union. Quant aux institutions, le traité de Nice, conclu en 2000, devait les réformer, et il les a, en réalité, surtout sabordées.

La Commission européenne n'est-elle pas responsable de cet élargissement mal préparé ?

La responsabilité première revient au Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement qui fonce dans le brouillard. Mais la responsabilité de la Commission est aussi très important