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Libération
Éditorial

Politique de l'autruche

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publié le 9 octobre 2002 à 1h21

La portée symbolique de l'élargissement de l'Union européenne à dix nouveaux pays est grande. Le continent européen, éclaté depuis des siècles en une mosaïque de nations rivales, souvent en guerre, était divisé depuis 1945 entre Ouest démocratique et Est d'abord soviétisé, puis en transition. A l'horizon 2004, l'Europe sera enfin unifiée, ou presque. Tout Européen ne peut que s'en réjouir. D'autant que la marche à l'élargissement a déjà apporté stabilité, réformes et un minimum de prospérité aux pays candidats. L'extension de l'Union ouvrira de nouveaux marchés et un surcroît d'influence et de dynamisme à ses membres. Compte tenu de l'enjeu, on ne peut que déplorer la médiocrité de la préparation à cette métamorphose aussi périlleuse que riche de promesses. Celle-ci s'annonce véritablement acrobatique, en raison des calculs de boutiquiers des dirigeants des Etats membres, qui ont préféré ne rien faire que prendre des décisions certes douloureuses, rendues indispensables par l'élargissement. L'Union, menacée de paralysie à 15, est assurée d'embolie foudroyante à 25 si rien n'y change. Elle risque de connaître le sort de la grenouille qui rêvait de se faire aussi grosse que le boeuf. Les décisions prises à 25 ne pourront l'être comme elles le sont (ou plutôt ne le sont pas) au sein des Quinze. Les Français devront tôt ou tard s'adapter à cette Grande Europe. La défense des intérêts et des points de vue «nationaux», des subventions agricoles à l'«exception culturelle», devra pr