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Libération

Un continent en chantiers

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Les adhésions ouvrent une période d'incertitudes.
publié le 9 octobre 2002 à 1h21

Pourquoi cet élargissement est-il différent des autres ?

Le grand bond en avant que l'Union européenne décidera mi-décembre est d'abord une «décision historique» qui «signifie la fin de la partition artificielle de l'Europe provoquée par deux guerres mondiales», s'enflamme le commissaire européen à l'élargissement, Günter Verheugen. C'est un défi stratégique, politique et économique, qui va porter la nouvelle frontière de l'Union jusqu'aux confins de l'ex-URSS. L'ampleur de cet élargissement (dix pays, 75 millions d'habitants, 23 % de superficie en plus) ne peut se comparer aux précédents, qui ont porté la Communauté de six à quinze membres entre 1958 et 1995.

Primo, il va s'agir d'intégrer de récents convertis à l'économie de marché, dont le niveau de vie moyen reste à peine la moitié du nôtre. Secundo, cette «révolution du nombre» rend indispensable de revisiter de fond en comble la maison Europe : ses règles de fonctionnement, son architecture politique, le contenu de ses politiques vont être profondément affectés par ce passage de 15 à 25. En décembre 2000, au sommet de Nice, les Quinze se sont tellement battus pour ne rien lâcher au voisin qu'ils ont fini par se contenter d'un ravaudage institutionnel, aussi complexe qu'insuffisant.

La Convention sur l'avenir de l'Europe, présidée par Valéry Giscard d'Estaing, a pour mission de reprendre ce travail et d'accoucher, mi-2003, d'un projet de vraie Constitution européenne. Reste à voir si son contenu sera à la hauteur du courag