Kuta envoyé spécial
Attablé au bord de la piscine de l'hôtel Bounty, près de la plage balinaise de Kuta, I Made Wiranatha, propriétaire du lieu et riche homme d'affaires local, affecte la jovialité en causant avec ses clients. Mais, au-delà des sourires de convenance et des blagues forcées, I Made Viranatha ne cache pas son désarroi. «Samedi soir, une bonne partie de mes hôtes est partie au Sari Club. Trente ne sont jamais revenus. C'étaient comme des amis personnels. Je ne dors plus depuis deux jours», avoue-t-il sans cesser de sourire.
«Cauchemar». A la table à côté, une équipe australienne de football a perdu sept de ses équipiers. Malgré tout, ils trinquent et font bonne figure. «Que peut-on y faire ? Repartir en Australie n'arrangerait rien», lance l'un d'eux. I Made Wiranatha, également propriétaire du Paddy's Bar, une discothèque «Ibiza style» elle aussi soufflée par l'explosion, s'inquiète de ce que la communauté internationale va penser de Bali. «Les gens avaient coutume de dire Bali était le paradis le plus sûr du monde. Rien de tel ne s'était jamais produit. Le terrorisme international s'est abattu sur nous.»
Les Balinais sont en fait sous le choc. Ils ont encore du mal à croire qu'une telle tragédie puisse avoir frappé leur île qui avait traversé les turbulences récentes de l'Indonésie sans en avoir été affectée. Seule région hindouiste noyée au sein du plus grand pays musulman du monde, Bali s'est toujours sentie à part dans l'archipel auquel elle reprochait de pon