Menu
Libération
Éditorial

Peur du vide

Article réservé aux abonnés
publié le 17 octobre 2002 à 1h26

Une grève pour sauver les pions ? S'il ne s'agissait que de défendre ce personnage plus souvent atrabilaire que sympathique dans notre littérature, elle serait discutable. Elle l'est beaucoup moins s'il s'agit de continuer à aider des étudiants à financer leurs études. Mais le statut de ceux-là n'est pas si récent et efficace qu'il ne doive être revu. Il ne permet pas toujours aux intéressés de réussir leur scolarité, de s'investir dans le soutien aux plus jeunes, d'éviter aux lycées et collèges de connaître la violence. Et, loin des villes universitaires, il y a pénurie de vocations. Alors, il faut bien réfléchir à un autre système. Luc Ferry, ministre de la société civile, a-t-il tort d'imaginer que des retraités ou des chômeurs puissent devenir surveillants ? Pas forcément, mais encore faudrait-il qu'il y mette méthode et philosophie. Les deux manquent un peu aujourd'hui et laissent, du coup, la rigueur budgétaire occuper la place. Or, rien de plus anxiogène que la rigueur. Décider 5 600 suppressions de postes chez les surveillants sans expliquer quel sera le nouveau dispositif, cela ne peut qu'alarmer. Voir les 62 000 emplois-jeunes arriver à terme et rester muet sur le devenir de ceux qui, en cinq ans, sont devenus indispensables à l'Education nationale, cela ajoute au souci. Quand enfin, le recrutement d'enseignants est freiné, cela trouble les parents qui n'ont pas l'impression d'en avoir fini avec les professeurs absents et les classes surchargées. Résultat, à force