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Libération
Éditorial

Paradoxes

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publié le 21 octobre 2002 à 1h29

Les Français aiment les paradoxes, à lire les résultats du sondage BVA. Deux tiers d'entre eux disent s'être mobilisés entre les deux tours de la présidentielle.

Mais six mois après le traumatisme du 21 avril, alors qu'ils sont toujours 61 % à s'intéresser de près à la vie politique, ils restent majoritairement méfiants à son endroit : pour eux, les institutions ne fonctionnent pas mieux et aucun problème n'a été vraiment résolu, même s'ils estiment que les idées d'extrême droite ont perdu du terrain. Autre résultat inquiétant pour la vie démocratique, seul un quart de nos concitoyens a eu envie de s'engager davantage. Mais pas dans un parti : ce sera prioritairement dans une association ou un syndicat, qui paraissent sans doute plus proches des gens et de leurs préoccupations. Cette désillusion est surtout forte chez les jeunes, ce qui n'est pas bon signe. Malgré cette coupure, la classe politique elle-même n'échappe pas au malaise : de manière récurrente, presque incantatoire, tous les leaders évoquent cette crise de confiance de leurs électeurs. Aucun ne semble avoir trouvé de remède miracle, mais chacun sent qu'il y a un problème, qu'il tente d'exorciser à sa manière : le gouvernement de droite en piquant des idées à la gauche, l'opposition en capilotade en se livrant à l'examen de conscience, voire à la contrition et au déchirement. Mais personne n'est aujourd'hui en mesure de proposer une vision susceptible de relégitimer profondément la politique, d'en redonner vraimen