Antoine Gallimard, PDG des éditions Gallimard, un des derniers éditeurs indépendants en France, exprime ses inquiétudes quant à la position de monopole du nouveau groupe.
Comment réagissez-vous au rachat du pôle édition de Vivendi par le groupe Lagardère?
Je n'y étais pas du tout favorable. Pour moi, la solution était de gagner du temps et de trouver d'autres solutions, éventuellement des investisseurs autres que ceux déjà en lice. Nous n'avons pas eu le temps de forger une alternative compte tenu de la rapidité de la décision. Le problème n'est pas tant la mise en péril de la création ou de la liberté d'expression. Le risque majeur est que la distribution prenne le pas sur l'édition. Les deux pôles réunis vont contrôler désormais 70% des flux de l'édition (distribution, ndlr). La France va être le seul pays au monde où l'édition sera concentrée à ce point. Mais Hachette a toujours été très fort en distribution. On l'appelait le «monopoleur» sous Napoléon III. C'est une grande tradition de la maison!
Que répondez-vous à ceux qui se réjouissent de voir que le premier éditeur français ne tombe pas entre les mains d'étrangers?
C'est un faux débat. Une partie de l'édition américaine est aux mains des Allemands, et la langue américaine est toujours pratiquée. Et puis il y a sûrement des fonds étrangers chez Lagardère. Je crois qu'il faut un respect de la libre concurrence.
Quels sont les risques concrets de ce rachat?
La vente du premier ensemble français de l'édition à Lagardère pose