A défaut de faire de la France une «terre d'asile» politiquement correcte, autant faire en sorte qu'elle soit une terre d'accueil humainement convenable. C'est l'intérêt minimum du contrat d'intégration. Il s'inscrit comme une voie de droit pour tous les étrangers des primo-arrivants aux clandestins régularisés auxquels la complexité des réglementations et la multiplicité des guichets donnent le sentiment qu'ils sont d'abord indésirables en France avant d'y être, le cas échéant, tolérés.
Mais cette bonne idée a peut-être un défaut qui, pour le coup, s'adresse plus à ceux qui ne l'ont pas eue avant (la gauche) qu'à ceux qui l'ont maintenant : elle arrive trop tard. Certes, c'est le bon sens même que l'immigré soit instruit de la langue et des valeurs en vigueur dans le pays où il s'installe. La machine à «intégrer» ne peut qu'en bénéficier. Mais si elle grippe aujourd'hui dangereusement c'est moins pour ceux qui arrivent que pour ceux qui suivent. En d'autres termes, et s'il faut se garder de trop idéaliser le passé ou trop noircir le présent, l'époque diffère des précédentes par le fait que les enfants et petits-enfants d'immigrés n'ont pas la certitude qu'ils s'en sortiront mieux que leurs parents. Et ceux-là sont des Français à part entière pour qui l'on doit parler d'insertion et non d'intégration. Ce phénomène générationnel ne frappe bien sûr pas seulement les Français issus de l'immigration, mais si ceux-ci en sont plus particulièrement victimes c'est qu'ils le paye