Deux hommes pour un dossier. C'est bien la première fois que la droite se dispute le délicat sujet de l'intégration des immigrants, qu'elle considérait jusque-là comme un piège. Depuis six mois, c'est Nicolas Sarkozy qui paraissait en charge de cette question. Visite au centre de rétention de Sangatte, discussions avec les sans-papiers, accord avec la Roumanie pour tenter de diminuer l'immigration clandestine, le ministre de l'Intérieur s'est déployé sur tous les fronts. Un peu trop au goût de certains de ses collègues du gouvernement.

Il y a une semaine, François Fillon a fait remarquer à Jean-Pierre Raffarin qu'en tant que ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité, il lui revenait de parler d'intégration. Le Premier ministre lui a donné raison et l'a autorisé à répondre jeudi à une question au Sénat. Fort de ce soutien, Fillon a récidivé mardi à l'Assemblée nationale lors de la séance des questions d'actualité et aujourd'hui dans Libération. Outre le fait de savoir qui doit parler, les deux ministres sont en désaccord sur la façon dont le sujet doit être abordé. Pour mettre en oeuvre le contrat d'intégration voulu par Jacques Chirac, François Fillon préférerait la voie réglementaire, alors que Nicolas Sarkozy pense que ces questions méritent un débat parlementaire. Matignon n'a pas encore tranché entre les deux positions.

Poids lourds. Cette petite compétition entre les deux hommes s'inscrit dans le cadre d'une rivalité plus profonde. Sarkozy et Fillon s