«Nos craintes se réalisent.» Confronté à l'annonce de la «négociation» VUP/Hachette, Jean-Marie Sevestre, de la librairie Sauramps, à Montpellier, avait hier l'accent fataliste : «C'est l'avenir des libraires indépendants, garants du pluralisme de la création littéraire, qui est maintenant en péril. Il y a dix ans, nous représentions 30 % du marché. Aujourd'hui, nous en sommes à 20 %, mais nous avions réussi, depuis cinq ans environ, à stabiliser notre position. Maintenant...» Président du Syndicat de la librairie française (quelque 500 adhérents) il ne s'avoue cependant pas battu : «La France est le champion de la diversité culturelle : je veux espérer dans les réactions des professionnels et du public. Nous commençons à étudier les possibilités de recours à Bruxelles.»
Accouplement. Le communiqué officiel de son syndicat a tiré sèchement la leçon du jour : «Le choix s'est porté sur le candidat qui répond le moins aux attentes de la profession» et «cette solution franco-française ne peut être lue comme un objet d'orgueil compte tenu des conséquences probables.» Des phrases nettes qui stigmatisent l'instauration d'un monopole aux dimensions floues. L'industrie du livre, dans sa totalité, est un pot au noir statistique, aussi opaque que la comptabilité particulière des deux géants en passe de s'accoupler. Ces dernières semaines, partisans et adversaires de la solution VUP/Hachette se sont ainsi battus à coups de chiffres invérifiables, quantifiant l'impact de leur mariage sur