Apriori, on peut être content, comme a l'air de l'être le ministre de la Culture : le premier éditeur français ne sera pas bradé à l'étranger. «Ils» n'auront pas le général de Gaulle, auteur fleuron de Plon, filiale de VUP. De quoi couper court au souci affirmé, dit-on, au plus haut niveau de l'Etat. En vendant à Hachette leur pôle français d'édition, les nouveaux patrons de Vivendi, qui tentent de sauver ce qui peut encore l'être du naufrage Messier, peuvent aussi se féliciter d'avoir choisi une solution industrielle et de ne pas avoir abandonné le premier rôle à des banques et à des fonds de pensions uniquement soucieux de rentabilité à 15 % sinon plus. Mais rien n'est réglé pour autant : il leur faudra passer sous les fourches Caudines de Bruxelles et ils ont mis une profession entière en ébullition. Car le rachat de VUP par Hachette donne naissance à un inquiétant géant : près des deux tiers de l'édition française et de la distribution du livre en France. Un poids tel qu'il va bouleverser des équilibres fragiles dans la plus fragile des industries culturelles. Ce n'est évidemment pas de liberté éditoriale qu'il s'agit, Hachette a toujours laissé à ses filiales leur autonomie, les plus vieux adversaires de la «pieuvre verte» l'admettent. En tout cas, tant que ça marche et tant que ne prend pas le dessus, en cas de difficultés, une implacable mécanique financière qui n'aurait plus rien à faire de la liberté de création. Le risque de cette concentration, unique au monde, es
Éditorial
Un inquiétant géant
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publié le 24 octobre 2002 à 1h31
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