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Libération
Éditorial

Obstination

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publié le 25 octobre 2002 à 1h32

Et les victimes se transformèrent en bourreaux... Telle est, d'ores et déjà, la première conclusion du drame qui se déroule à Moscou. Car rien, rien de rien, ne peut excuser la prise d'otages en cours qui a toutes les chances de se terminer par le carnage de plusieurs dizaines, voire centaines, de paisibles spectateurs venus, non à la rencontre de leur mort, mais pour prendre quelque plaisir en assistant à la comédie musicale du moment.

Les antécédents des parties en présence laissent en effet peu de place au doute : on doit prendre plus qu'au sérieux la détermination de kamikaze des membres du commando tchétchène et on ne peut guère compter sur l'humanisme d'un Vladimir Poutine, qui promettait naguère, pour mieux se faire élire à la présidence russe, d'exterminer les Tchétchènes «jusque dans les chiottes».

Depuis, il a d'ailleurs tenu parole, récusant la légitimité du président élu des Tchétchènes, Aslan Maskhadov, refusant toute solution politique à un problème avant tout colonial, prétendant ne voir que du terrorisme là où historiens et observateurs de bonne foi ne voyaient à l'origine qu'un mouvement d'émancipation nationale. Bafoué et humilié à quelques kilomètres de son Kremlin par des terroristes se réclamant de l'islam le plus fondamentaliste (arrivé en Tchétchénie grâce à des années de répression aveugle), assuré depuis le 11 septembre 2001 du soutien quasi inconditionnel américain et de la «compréhension» des Européens, Poutine sera une fois de plus tenté par le reco