De tous les marchés, celui de la mort semblerait être le moins soumis aux aléas de la vie. Comme chaque année, des millions de Français vont visiter les cités des morts que sont les 30 000 cimetières du pays pour y fleurir tombes et caveaux. Et pourtant la mort est en crise. D'abord elle subit les effets de la surpopulation mortuaire, malgré la vogue croissante de la crémation. Les édiles des grandes villes sont contraints, face à l'encombrement des cimetières, d'y supprimer les concessions perpétuelles. C'est une vraie révolution, qui transforme ce qui était jusqu'ici un lieu de repos éternel en villégiature provisoire sous bail locatif. Ils y appliquent en outre une forme de «préférence municipale» qui donne la priorité de sépulture à leurs administrés de longue date. C'est peut-être là le seul moyen d'enrayer une flambée des prix, qui perpétue l'inégalité sociale jusque dans l'au-delà, condamnant la majorité aux HLM funéraires coincés entre périphériques et zones industrielles, réservant aux privilégiés les monuments paisibles à l'ombre des futées des beaux quartiers. Moyen aussi de lutter contre le clientélisme politique car on peut faire voter les vivants en pistonnant leurs morts tout autant qu'en leur attribuant des logements. Mais à cette crise de l'immobilier qui afflige les défunts s'ajoute celle de l'offre de services funéraires. L'individualisme, l'hédonisme et l'indifférence à la religion, n'ont ni effacé ni occulté la mort le contraire eût été étonnant. Mai
Éditorial
Révolution perpétuelle
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par Patrick Sabatier
publié le 1er novembre 2002 à 1h37
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