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Libération
Éditorial

Jeu blanc

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publié le 6 novembre 2002 à 1h40

A ce train, Raffarin pourrait se croire là pour vingt ans. Il n'est pas donné à tout le monde de réussir ses six premiers mois à Matignon. Edith Cresson en sait quelque chose, qui ne s'était jamais remise d'avoir trébuché sur son discours d'investiture. Fut-il hyperbolique, son cas n'est pas unique. Celui d'Alain Juppé n'est pas si dissemblable. En six mois, il avait congédié ses «juppettes» et remercié son ministre de l'Economie. Pour avoir épargné au chef de l'Etat réélu de revivre pareils désagréments, Jean-Pierre Raffarin mérite bien les applaudissements de son camp. D'autant que lui ne partait pas avec le titre envié de «meilleur d'entre nous» mais avec le handicap d'être quasi inconnu du grand public. De son anonymat provincial, l'élu du Poitou a fait son atout, l'a joué «France d'en bas» contre le parisianisme des élites, une démagogie qui plaît toujours. Ajoutez à cela le parler simple d'un «gringo» formé au marketing fort de café et cela donne un Premier ministre populaire à l'issue d'une probation de six mois. L'adversaire de gauche tétanisé par le trépas du jospinisme a vu passer les balles et n'en a renvoyé aucune. Au tennis, on dirait que l'homme de Matignon a remporté un jeu blanc. Mais il ne joue pas en simple contre une opposition qui peine à retrouver une ligne. Ni même en double avec Chirac, son partenaire institutionnel. En fait, pour l'heure, c'est plutôt Sarkozy qui tient la raquette, pour ne pas dire la vedette. Et quand Jean-Pierre est seul à la manoeu