Lyon de notre correspondant
Lyon a pris de l'avance sur les lois Sarkozy. Le 29 juillet 2002, Gérard Collomb, maire socialiste, a signé un arrêté interdisant la prostitution dans une partie du centre-ville. Celle-ci s'est déplacée, avant de baisser légèrement. Ce laboratoire répressif permet d'observer les premiers effets d'une politique coercitive. Pour Cabiria, association lyonnaise qui travaille avec les prostituées, elle provoque pour l'instant un accroissement des risques physiques et sanitaires.
Bas-fonds. Dans un document intitulé «Journal de répression», l'association a recensé les opérations de police, ainsi que les agressions subies par les filles des trottoirs. Après l'arrêté, les contrôles se sont multipliés, et les premiers procès-verbaux sont tombés en septembre. Des convocations pour «flagrant délit de prostitution en tenue provocante» sur un axe interdit par arrêté municipal. Les policiers, nationaux et municipaux, ont maintenu la pression, sur les filles et sur leurs clients, jusqu'à ce que le centre-ville soit dégagé.
La prostitution s'est rapidement déplacée. Les quais du Rhône, lucratifs, se sont vidés, et le marché du sexe s'est redéployé en périphérie, loin des regards et des riverains. Le long d'artères plongées dans le noir, les bas-fonds se sont reconstitués. Des endroits insalubres, isolés, plus facilement contrôlables pour les macs et leurs hommes de main. «Avec des lois comme ça, les proxénètes ont de beaux jours devant eux», regrette Martine Schutz-