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Libération
Interview

«Le métier change, tout est devenu du business»

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publié le 9 novembre 2002 à 1h43

Saint-Malo envoyés spéciaux

Depuis vingt ans, la Route du rhum a réformé la course au large. On ne revient pas là-dessus et les marins sont les derniers professionnels du saut périlleux. Leurs vertus, courage et opiniâtreté, demeurent. Pour le reste : ont-ils changé ? A quoi rêvent-ils ? Sont-ils toujours aussi libres ? Ils disent simplement que le métier de skipper a profondément évolué. Les 18 qui s'élanceront dimanche à bord des grands multicoques sont ainsi devenus des «pilotes salariés» ou des «patrons de PME.» «En quatre ans, les coûts des bateaux ont été multipliés par trois et le temps passé en chantier est devenu considérable, si bien qu'on ne navigue plus», explique Marc Guillemot (Trinitaine-Team Etypharm). C'est un paradoxe qui inquiète le skipper de la Trinité : «On assiste à un bouleversement de notre métier. Quand j'ai commencé, il y a vingt ans, je ne pensais qu'à naviguer. Maintenant, je me demande si c'était vraiment ce métier-là que je voulais faire à l'époque.»

«Dernier des Mohicans.» Franck Cammas (Groupama) donne une définition saisissante : «Nous sommes devenus des développeurs de bateau.» Alors que selon le Suisse Steve Ravussin (TechnoMarine), voilà ce que serait devenu le métier : «Etre marin, c'est trouver un sponsor, parler d'investissement et puis parler à la presse. Ce n'est plus de l'aventure, mais de la compétition.»

Francis Joyon (Eure et Loire-Lorenove) est le tout dernier artisan de cette voile en multicoques qui se dessine un nouveau profil.