L'Europe unie peut-elle faire entendre sa voix, et peser sur le cours des affaires du monde ? Oui, sans doute, au regard de son poids démographique et de sa puissance économique. Non, certainement, si elle abdique les valeurs qu'elle proclame à commencer par le respect des droits de l'homme, et le refus de la guerre comme instrument privilégié de résolution des conflits. La «troïka» européenne, recevant Vladimir Poutine, a certes rappelé au maître du Kremlin que la tragédie de la Tchétchénie n'est pas seulement, à leurs yeux, un problème de terrorisme. C'était bien le moins que puisse faire une Union qui a trop souvent paru, depuis le 11 septembre 2001, avoir pour seule préoccupation de ne rien faire qui puisse déplaire à Poutine.
Non contents d'avoir entériné la version officielle, pourtant sujette à caution comme le montre notre enquête, de la fin de la prise d'otages de Moscou, puis obtempéré au diktat russe qui avait fait transférer le sommet russo-européen de Copenhague à Bruxelles, les Européens ont gardé un silence de mort devant les exactions de la soldatesque russe en Tchétchénie, et n'ont pas osé réaffirmer que la lutte indispensable contre le terrorisme islamiste, y compris dans ses variantes tchétchènes, ne justifie pas les massacres, viols, exécutions, pillages et déportations dont sont victimes les Tchétchènes. L'Europe, qui en sait quelque chose, doit rappeler à la Russie qu'on ne gagne jamais les guerres coloniales. Elle doit refuser de se faire complice d'u