Metz envoyé spécial
Le sous-brigadier Gatti, 50 ans, se demande parfois s'il n'est pas devenu «chauffeur de taxi» bien plus que policier soucieux d'une «approche légaliste mais aussi humaine» de la police aux frontières (PAF). C'est qu'entre son bureau, les centres de rétention administrative, les préfectures, les tribunaux et les capitales étrangères, il a parcouru depuis deux ans des milliers de kilomètres avec des migrants en situation irrégulière.
Après vingt-trois ans de sécurité publique, Roland Gatti a intégré la PAF de Metz (Moselle), où, en l'absence de centre de rétention, les étrangers en situation irrégulière ne peuvent séjourner que quarante-huit heures maximum. Une situation «ubuesque», dit-il, mais légale, qui oblige les fonctionnaires à faire des centaines de kilomètres pour conduire les clandestins vers des centres de rétention ad hoc (1) en attendant leur reconduite aux frontières. «Le plus proche est à Strasbourg. Mais comme il est souvent saturé, nous devons aller à Lyon, au Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne, voire même à Arenc, dans les Bouches-du-Rhône.»
Il y a quelques semaines, les policiers messins ont ainsi conduit deux personnes à Lyon. Premier aller-retour de 1 050 kilomètres. Cinq jours plus tard, ils sont retournés à Lyon pour escorter les deux immigrés clandestins vers Strasbourg, où le tribunal administratif devait statuer sur leur reconduite à la frontière. Puis ils sont retournés à Lyon, avant de rentrer à Metz. Soit «un total de 3 150 kilomètre