Ben Laden ou pas ? Les experts sont partagés sur la possibilité d'identifier l'auteur d'enregistrement vocal. Pour Louis-Jean Boë, rapporteur à la Société française d'acoustique (SFA) pour les questions d'identifications judiciaires de la voix, «même quelqu'un qui souhaiterait vraiment être identifié ne pourrait pas l'être avec certitude. En comparant un enregistrement sonore avec ceux contenus dans une base de données, obtenus dans les mêmes conditions, on a 20 % d'erreur. En ajoutant ne serait-ce qu'un peu de bruit, on ne peut plus rien identifier».
«Taux d'erreur». Après avoir lancé une pétition en 1999 pour demander que les expertises vocales ne soient pas utilisées par la justice française, la SFA et son Groupement francophone de la communication parlée ont écrit en 2001 à Elisabeth Guigou, alors ministre de la Justice. «La voix n'est pas stable, elle est changeante et on n'en est pas maître, justifie Louis-Jean Boë. Elle diffère suivant que l'on est calme ou énervé.» Pour le scientifique, le cerveau est doué pour reconnaître des images, mais pas les sons. «Même avec des voix familières, le taux d'erreur est élevé. On peut dresser un portrait-robot fiable au bout de cinq ans, mais pas décrire une voix après vingt-quatre heures.»
Hervé Bourlard, de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, est beaucoup plus optimiste, même s'il souligne que la tâche est extrêmement ardue. «Une voix est liée aux caractéristiques physiologiques de son propriétaire, auxquelles s'ajoutent de