C'est dur d'être un dur. Sarkozy a beau terroriser en paroles la terre entière, il répugne à envoyer ses troupes évacuer l'église Saint-Pierre-Saint-Paul à la hache d'abordage, façon Saint-Bernard. Trop de caméras sont sur place, chose ironique s'agissant de quelqu'un qui passe tant de temps à les courtiser. Vilipender les clandestins est une chose, c'en est une autre que de cogner sur ce qu'ils sont en réalité, de pauvres hères pitoyables. Le ministre de l'Intérieur a eu tôt fait d'éventer le piège.
Comme chacun, il y prendra peut-être aussi une leçon sur la détermination dont sont capables ces immigrants même plus clandestins. Qu'on imagine le redoutable périple qui va des montagnes afghanes au rivage de la Manche. Que sont quelques jours passés dans une église au regard des avanies et des souffrances à endurer avant d'y parvenir ? Perclus de maladies et de blessures, ces misérables ne pensent pas à se plaindre, seulement à parvenir au but. «Voir Sangatte ou mourir», l'écriteau brandi par l'un d'entre eux résume leur état d'esprit. Pourtant, Sangatte n'est qu'un hangar où règnent des conditions de survie éprouvantes, même pas la terre promise d'Albion et ses jobs mal payés.
Ce qui se passe autour de Calais se retrouve, avec quelques variantes négligeables, à la frontière mexicano-américaine ou dans l'océan Indien, au large de l'Australie. Le Japon, qui est pourtant une île bien cadenassée, n'échappe pas au phénomène. Et celui-ci ne cessera ni par quelque miracle ni non plus