Karwan s'avance sur le perron de l'église, franchit le cordon de CRS. Une nuée de micros et de caméras se précipitent : «Nous ne sortirons d'ici que pour aller à Sangatte. Nous sommes prêts à affronter la police si elle veut nous expulser de l'église. Nous voulons aller en Grande-Bretagne, nous estimons que nous avons plus de chance d'obtenir l'asile là-bas qu'en France», martèle en anglais le jeune homme que les 98 Kurdes et Afghans réfugiés dans l'église Saint-Pierre-Saint-Paul ont désigné comme leur porte-parole.
«Prenez-les chez vous.» Autour de l'église, sur les paliers des maisons, sur les appuis de fenêtres, une soixantaine de leurs compatriotes endormis, emmitouflés dans des couvertures, ou assis, l'air absent, semblent ignorer le vent du nord. Solidaires de ceux qui sont à l'intérieur ou venus aux nouvelles, pour ne pas rester seuls. Ils ont dormi là. Un matelas est posé sur le trottoir. Certains, sortis de l'église pour aller se laver, ont été bloqués au retour par le cordon de CRS. Dès le matin, des riverains ont fait du café, distribué du pain, du lait. Des membres du Collectif de soutien d'urgence aux réfugiés (C. sur) donnent des habits. Un Afghan, dont le visage dépasse à peine de sa capuche, reconnaissant : «Les gens de France sont très bien. Dommage que leur gouvernement soit si mauvais.»
Comme pour lui donner tort, une habitante, visiblement ivre, sort sur son palier en hurlant : «Prenez-les chez vous ! Les associations, c'est de la merde ! On n'est pas le dé