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Libération
Éditorial

Absorption

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publié le 16 novembre 2002 à 1h47

La droite invente un parti. L'ambition est tout aussi méritoire qu'incertaine. Dire pour autant que la fondation de l'UMP ce week-end serait à la droite aujourd'hui ce que le congrès d'Epinay fut hier à la gauche est un peu trompeur. En 1971, une poignée de fidèles de François Mitterrand, présidentiable incontesté à gauche, avait réussi à s'emparer du gros Parti socialiste de l'époque. Avec l'UMP, il s'agirait plutôt d'une absorption par la machine RPR des lambeaux de l'ancienne UDF sous la houlette d'un Alain Juppé qui, lui, est tout sauf un présidentiable incontesté. Le PS d'Epinay avait pour ambition de rééquilibrer la gauche à son avantage face au PCF encore puissant, l'UMP de 2002 est devenue à elle seule électoralement hégémonique à droite, avec un FN tenu à distance.

Jusque-là, ça va. D'autant que les divisions idéologiques de la droite gouvernante d'aujourd'hui sont sans doute bien moins aiguës que les contradictions de l'opposition socialiste du temps d'Epinay. L'Europe n'est plus vraiment une pierre d'achoppement, pas plus la question de l'Etat, et le libéralisme économique reste prudent face à un corps social assez nerveux. Habile dans la gestion sécuritaire, et flexible sur les moeurs, le gouvernement parachève le tableau d'une droite qui a plus à craindre d'elle-même que de ses adversaires. Alain Juppé ne le sait que trop, lui qui s'installe dans un fauteuil présidentiel (celui de l'UMP) deux fois éjectable. C'est d'abord la menace d'une «peine infamante» (l'inél