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Portrait

La bataille du mal-aimé

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Juppé signe son retour sur le devant de la scène.
publié le 16 novembre 2002 à 1h47

Pour mettre mal à l'aise un responsable politique de droite, il existe une recette infaillible : lui demander de parler d'Alain Juppé. La main sur le coeur, amis supposés comme adversaires revendiqués assurent qu'ils voteront dimanche «Juppé» pour le porter à la présidence de l'UMP. On s'émerveille généralement en quelques phrases de «sa mécanique intellectuelle, de ses qualités d'homme d'Etat». Et, sitôt passé ce préliminaire, le concours de vacheries démarre. Un vrai crescendo, avec toujours les mêmes mots destinés à faire mal: «cassant, distant, rigide, techno, arrogant, glacial, dominateur»... Une ministre qui le connaît bien fait mine de s'inquiéter : «Je suis triste pour lui. Alain n'a pas du tout changé. Il est extrêmement crispé et ne supporte ni la contradiction ni la critique. L'idée même de devoir passer par une élection pour la présidence de l'UMP l'exaspère.»

Vraie schizophrénie. «Alain», qui sait tout cela, a fini par verser dans l'autodérision : «Jean-Pierre Raffarin a su trouver la façon d'être, le langage et la méthode qui plaisent aux Français. On dit qu'il fait de l'anti-Juppé.Ça doit être vrai, puisque ça marche», lance-t-il début novembre à des militants venus l'écouter à Nogent-sur-Marne. A 57 ans, casser cette image qui lui colle autant à la peau ne l'intéresse plus vraiment. Sa récente virée télévisée chez Michel Drucker pour dire que «ça fait 56 ans qu'[il] rit» ne l'a pas du tout amusé, a-t-il confié à des proches. Comme dans un exercice imposé, il y

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