Washington de notre correspondant
Spécialiste de la vie politique française, l'universitaire Phil Gordon dirige le Centre sur les Etats-Unis et la France, à la Brookings Institution de Washington.
La naissance de l'UMP à droite est-elle le prélude à l'instauration en France d'un système bipartisan comme aux Etats-Unis ?
Si la gauche parvenait elle aussi à se regrouper, on pourrait déboucher sur deux grands partis en France. Pour autant, il ne faut pas exagérer le changement que cela représenterait. Cela fait des décennies que la vie politique française est bipolarisée entre la gauche et la droite. Chaque élection présidentielle oblige déjà les deux camps à se regrouper autour d'un leader. Et aux législatives le jeu des désistements pousse également aux regroupements. S'il y a demain deux grands partis, subdivisés en courants, le système ne sera guère différent de celui qui existe aujourd'hui.
L'électeur ne perdrait-il pas la variété des choix qu'il a aujourd'hui en France ?
Le spectre idéologique était jusque-là plus étroit aux Etats-Unis qu'en France, il était plus facile à deux partis d'y couvrir l'ensemble de l'espace politique. Mais, dans votre pays, on assiste depuis vingt ans à un resserrement de ce spectre. Cela tient à la disparition des grands sujets idéologiques qui divisaient les électeurs et justifiaient une multiplicité de partis : la religion, le communisme, le colonialisme, la guerre froide... Si le système politique français se rapproche du système américain, ce n