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Libération
Éditorial

Patate chaude

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publié le 21 novembre 2002 à 1h50

C'est une patate garantie sans OGM mais une patate brûlante. Chirac aurait sans aucun doute préféré ne pas se la faire refiler. Trop tard. Pour lui, gracier Bové présente autant d'inconvénients que de le laisser s'ennuyer dans un cachot. Devant une telle alternative, tout politique essaye de choisir d'entre deux maux le moindre. Encore faut-il deviner lequel des deux est le moins dommageable.

Chirac ne manque pas de raisons d'entendre Bové. Ne sont-ils pas voisins de Massif central ? Il n'y a pas loin de la vache corrézienne à la brebis aveyronnaise. Le personnage terriblement «frenchy» que s'est construit Bové trouve sans doute quelque écho dans l'ego chiraquien. Et le droit de grâce parachève l'aspect monarchiste de la présidence dont Chirac s'est empressé de faire son miel dès le 5 mai. En outre, ce vieux complice de la FNSEA a fermé les yeux depuis si longtemps sur tant d'exactions impunies de ses amis agriculteurs qu'il peut bien étendre son indulgence à quelqu'un qui n'est pas de sa famille. Et ce d'autant plus que la FNSEA, qui ne tient pas à voir Bové en martyr, fait jouer la solidarité syndicale avec son concurrent ­ bon témoignage au demeurant de la place prise dans le monde agricole par la Confédération paysanne.

A l'inverse, Chirac, qui préside à une entreprise autoproclamée de restauration de l'ordre et de la loi, peut-il tenir pour broutille le saccage du laboratoire d'un des grands services nationaux de la recherche scientifique ? Peut-il déjuger au débotté le p