Questions pour un champion «altermondialiste» épinglé par la justice. Pourquoi José Bové en appelle-t-il à Jacques Chirac, la personne qui représente, selon lui, «l'agriculture productiviste» et «la mondialisation néolibérale» qu'il combat ? Pourquoi celui qui a articulé ses combats en surfant sur les thèses de la «désobéissance civile», de la «légitimité de l'action», invoquées par Thoreau ou Gandhi, s'en remet-il à la grâce présidentielle après avoir redouté que le chef de l'Etat lui applique l'amnistie du 14 Juillet ? Pourquoi, après avoir répété qu'il ne craignait pas la prison, redoute-t-il aujourd'hui le retour à l'isolement carcéral («c'est destructeur», avoue-t-il) ? Pour ses contempteurs, qui ne manquent pas ces jours-ci, comme pour certains acteurs des mouvements sociaux, voilà qui surprend. Et écorne l'image de l'irréductible du Larzac, renvoyé à Alésia en Vercingétorix capitulant devant César.
La réalité est d'évidence moins caricaturale. «La demande de grâce n'est pas une idée géniale, reconnaît un responsable d'Attac, mais c'est la seule, techniquement, qui peut empêcher un syndicaliste d'aller en taule.» L'enjeu, quatorze mois de prison, dépasse aussi la seule personnalité de Bové pour interroger sur la «criminalisation» de l'action syndicale et des nouvelles formes d'action du mouvement antimondialisation.
Caravane publicitaire. L'interrogation de la «stratégie» Bové remonte à sa première peine purgée (19 juin-1er août 2002) à Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault)