Menu
Libération

Secrétaire d'Etat cherche tribune.

Article réservé aux abonnés
Passée jusque-là inaperçue, Tokia Saïfi joue son va-tout sur ce séminaire.
publié le 28 novembre 2002 à 1h55

Jean-Pierre Raffarin n'économise pas ses mots pour montrer combien il tient à elle. Ni ses gestes. Lundi, dans le TGV qui les ramène de Lille, le Premier ministre sert dans ses bras sa secrétaire d'Etat au Développement durable, lui frotte le dos : «Alors Tokia, tu travailles bien en ce moment ? Il faut qu'il soit réussi, ce séminaire !» Comme un papa le ferait avec sa petite fille. Rougissement de la ministre, qui promet : «Oui, oui, je travaille.» Aujourd'hui, c'est son grand jour. Le moment de sortir de l'ombre, l'occasion de montrer qu'elle sert à quelque chose.

Le 6 mai, quand Raffarin lui a proposé de rejoindre son équipe, elle a cru à une blague. L'ancienne responsable associative, devenue députée européenne sur le quota de Madelin, n'était pas prédestinée pour le poste. Le développement durable, une première dans les annales gouvernementales, elle n'y connaissait rien. La gauche ne s'est pas privée de se moquer de ce coup d'esbroufe. En nommant une personnalité d'origine algérienne, élevée à Hautmont (Nord) dans une famille de dix enfants, fille d'un ouvrier sidérurgiste, Raffarin a osé là où les socialistes avaient eu peur de se risquer. Un symbole apprécié par la communauté beur, à en croire les centaines de lettres reçues par Tokia Saïfi au lendemain de sa nomination.

Six mois plus tard, elle jure jouer un autre rôle que celui de la beurette de service. Même si certains de ses collègues aimeraient visiblement qu'elle s'y cantonne, comme le porte-parole du gouverneme