Lancé en juin 2001, adoubé par le G8 un mois plus tard à Gênes, le Fonds global contre le sida, la tuberculose et le paludisme est destiné à financer des programmes contre ces pandémies qui font six millions de morts par an. Richard Feachem, son directeur exécutif, répond à Libération.
Sur 42 millions de malades du sida, peu ont accès à des traitements. N'est-ce pas un crime contre l'humanité ?
Oui. Tolérer ce drame, accepter que la pandémie progresse, baisser les bras alors qu'on sait pertinemment que le chiffre de 42 millions est sous-estimé, oui, c'est un crime contre l'humanité. Dans l'avenir, les historiens s'étonneront de voir que nous avons fait si peu, si tard...
Où sont les responsabilités ?
Elles sont partagées. Certes, les pays plus riches sont responsables : ils pourraient faire tellement plus ! Mais les pays pauvres ont aussi leur part de responsabilité : ils ont souvent nié la réalité de l'épidémie, ont tardé et tardent encore à mobiliser leur société. Les dirigeants religieux sont tout autant responsables : ils n'acceptent toujours pas la réalité sexuelle de la maladie et préconisent encore l'abstinence.
Les organisations chargées de lutter contre le sida pêchent aussi par manque de coopération...
Oui, mais les tiraillements ne viennent pas du Fonds global ! Le Fonds a été créé pour lever de l'argent et le rendre disponible pour les populations les plus touchées par les pandémies, et rapidement. Bien sûr, il y a eu de la nervosité au sein de l'Organisation mondiale