Les croque-morts sont arrivés mardi, un peu avant l'aube. Sous le regard embué de Jean-Pierre Mouton, gardien du petit cimetière de Villers-Cotterêts (Aisne), ils se sont dirigés vers un caveau propre et simplet. Ils en ont extrait un cercueil en plomb. Ils l'ont ouvert, puis ont transféré dans un autre cercueil, en zinc celui-là, les os qu'ils y ont trouvés. Transfert méticuleux, place pour place, os pour os, sous la protection de la maréchaussée (sait-on jamais). Ensuite... Eh bien, ensuite, les restes d'Alexandre Davy de La Pailleterie, dit «Dumas», ont pris la route pour une folle balade de cinq jours : Paris, Le Port-Marly (Yvelines), le Sénat, la gloire éternelle.
«U» majuscule. La balade s'achèvera ce samedi soir au sommet de la Montagne-Sainte-Geneviève, dans le Ve arrondissement de Paris. Les employés de la maison Borniol, nec plus ultra des pompes funèbres, pourront rentrer chez eux, tandis que Dumas pénétrera dans la nef du Panthéon. Son cercueil y restera exposé trois jours. Mardi, Alexandre descendra d'un étage pour rejoindre sa nouvelle sépulture, la troisième (1) de ses aventures post mortem : le caveau numéro XXIV de la crypte. Dans cette cellule de 2,60 ms de large sur 7,60 de long, il retrouvera ses confrères graphomanes Victor Hugo et Emile Zola. La commission de panthéonisation s'est longuement interrogée : fallait-il allonger Alexan dre côté gauche avec Victor ou côté droit avec Emile ? Finalement, le lit de pierre qui attend Dumas, au fond du caveau, est