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Libération
Éditorial

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publié le 30 novembre 2002 à 1h57

On aura peu connu dans l'histoire d'illustration plus dramatique des effets de l'égoïsme, de l'aveuglement, de l'hypocrisie et de l'ignorance combinés que la réaction ­ ou plutôt l'absence de réaction ­ collective face à l'épidémie du sida. Année après année, le même constat, décourageant, s'étale à la une des médias : la «maladie la plus dévastatrice que l'humanité ait connue» (rapport de l'Onusida de 2001) progresse inexorablement.

L'an passé, on recensait 40 millions de malades. Ils sont 42 millions cette année. 5 millions de nouveaux cas, 3 millions de morts pour la seule année 2002. Et toujours la même non-assistance à populations en danger. On fustige volontiers l'attitude des riches. Confrontés à des besoins en assistance estimés à 10 milliards de dollars par an pour juguler le sida, la tuberculose et le paludisme, les pays du G8 (dont la France) ont royalement versé au fonds de lutte créé par l'ONU... 700 millions de dollars.

Sommés de modifier les règles de protection intellectuelle de l'Organisation mondiale du commerce pour permettre la diffusion de médicaments génériques dans les régions les plus pauvres, ces Etats sont paralysés par les multinationales de la pharmacie.

Mais la lutte ne peut être le fait de la seule charité des riches. Elle passe par des politiques de prévention et d'information vigoureuses, par la fin de la gabegie budgétaire et par le rejet de l'obscurantisme (souvent religieux). Seuls les dirigeants des pays du Sud, les plus ravagés par la pan